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Un petit coin de terre et son dit bruissant
1 novembre 2012

1er NOVEMBRE

Quelques jours auparavant, ma mère et moi, nous sommes allées chez le pépiniériste.  Une envie d’élaborer des jardinières d’hiver.  Installer une nature souriante sur nos balcons et nos terrasses avant la froidure de l’hiver.  Il y avait de la gaieté dans nos cœurs.  La joie d’être ensemble.  Le plaisir de découvrir de nouvelles espèces végétales.  En parcourant les allées, nous sommes tombées sur un champ de fleurs mortuaires.  Il y en avait de toutes les couleurs.  Les potées se dressaient à perte de vue en petits dômes chatoyants.  Une sensation de vastitude à vous couper le souffle.  Nos yeux s’en régalaient.  Et nos cœurs se sont souvenus de nos défunts.

fleurs de toussaint




-« Si nous achetions quelques potées ? »
La question à peine posée, nous partîmes chacune de notre côté, guidées par nos préférences.  J’ai aimé le parme.  Ma mère hésitait entre le jaune et le parme.  Elle choisit le parme et des fleurs aux couleurs de feu.

-« Si nous allions au cimetière maintenant ? »
Nous sommes parties au cimetière où mon frère est enterré.  Ma mère y est entrée.  Je suis restée dans la voiture.  

« C’est loin. » m’a dit ma mère. 

J’étais partagée entre l’envie de me rendre sur la tombe de mon frère malgré une mobilité amoindrie et me reposer entre les tribulations passées et celles à venir.  En amont, il y avait l’attitude maternelle qui m’a toujours éloignée des cimetières et des morts pour je ne sais quelle obscure raison.  Elle dressait un mur autour de moi comme si un danger me guettait.  Elle instaurait ainsi, un interdit que j’hésitais à outrepasser.

La tombe de mon frère était déjà bien fleurie.  Ma mère s’en réjouit : son fils n’était pas oublié.  Cela mettait un peu de baume sur son cœur à jamais meurtri.

Le lendemain, nous nous sommes rendues dans un autre cimetière pour y déposer des fleurs sur la tombe du père de mon beau-père – à sa demande car il est trop âgé pour s’y rendre lui-même.  La pierre tombale était nue et nos fleurs étaient les premières.  Ma mère regrettait que la pierre ne fût pas nettoyée.

Nous ne sommes pas allées sur la tombe de mon père.  Je ne connais pas le lieu où il est enterré.  C’est le hasard qui m’a informée de son décès.  Un jour peut-être, j’irai jusqu’à sa tombe.  Quand j’aurai assez de courage pour braver tous les interdits et honorer celui dont il ne faut pas parler.

 

bougie





 
Alors, aujourd’hui, j’allume une bougie. 

En mémoire de mes défunts connus :
- mon oncle Jean, frère de ma mère,
- mon frère,
(Quant à mon père, je réglerai nos comptes plus tard…)
- le professeur Ilya Prigogine, avec qui je me sens en lien et que j’ai rencontré jadis avec beaucoup de plaisir.

En mémoire des personnes qui meurent ici et là sur la terre :
- les victimes de l’Ouragan Sandy,
- les victimes des intempéries en Indonésie,
- les victimes des conflits armés (en Irak et nord Mali…),
- les victimes de la misère,…

 

Cimetière


 Car la Mort, cette nécessité incontournable, apporte tout à la fois repos et grande douleur.

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Un petit coin de terre et son dit bruissant
  • D’abord, il y a le jardin. Puis la maison et la maîtresse des lieux : Judith. Il y a la ville. Et des mots qui bruissent dans le quotidien. Voici le journal intime d’un petit coin de terre.
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